27 septembre 2013 – Qui veut tuer la Poste ? chronique d’un démantèlement

Un ouvrage de Thierry Brun
Parution : septembre 2013

Fermeture de bureaux de poste, dégradation du service rendu aux usagers, mal-être au travail… Tels sont les effets de la politique de « performance » menée depuis plus de dix ans à La Poste.
Au nom de quels intérêts ce service public emblématique est-il passé sous statut privé en 2010 ?
Pourquoi la consultation nationale organisée en octobre 2009 contre la privatisation est-elle restée lettre morte en dépit de son succès populaire ?
Comment l’engagement de l’opérateur postal dans un marché européen totalement ouvert à la concurrence a-t-il provoqué une crise sociale majeure et un ensemble de drames humains – burn-out, maladies, suicides – au sein de l’entreprise ?
Autant de questions explorées dans ce livre, qui, plus largement, s’interroge sur un modèle capitaliste déshumanisé.

23 août 2013 – Prévenir les risques psychosociaux : outils et méthodes pour réguler le travail

Par : Douillet (Philippe)
Editeur : ANACT

Résumé :

Face aux risques psychosociaux (RPS), les entreprises ont mesuré les limites des approches de prévention centrées sur l’individu et sur des batteries d’indicateurs quantitatifs. Ce guide ouvre de nouvelles perspectives s’éloignant de la seule gestion des effets. Il propose de s’attaquer aux causes profondes des RPS : le travail et son organisation. Son ambition : aider à réduire la tension entre les contraintes et les ressources nécessaires pour réaliser un travail de qualité.

Porter un tel objectif suppose de s’intéresser de près au travail et à ses conditions d’exercice. Il faut de la méthode et des outils. Ce guide permet de passer à la pratique. Il livre des outils innovants comme le modèle C2R d’analyse des risques psychosociaux ou encore les situations-problème pour identifier et comprendre les difficultés du travail, mais aussi dégager des marges de manœuvre et d’amélioration.

Ce guide fait aussi la part belle aux conditions du dialogue social et de la coopération entre les acteurs nécessaires sur le sujet des RPS. Sans ces deux piliers, bien des entreprises armées des meilleurs outils ont abandonné… Il faut donc là aussi de l’organisation, de la formalisation pour la conduite même du processus de prévention. Chaque étape de la démarche spécifique aux RPS est détaillée dans cet ouvrage : du diagnostic au plan d’actions et jusqu’au Document Unique. Enfin, des propositions précises sont faites pour insérer durablement la question du travail dans les stratégies d’entreprises, seul moyen pour concilier le développement de la santé des salariés et l’efficacité des organisations.

12 août 2013 – Marseille 2013 : « Yes we camp »

Evénement participatif conçu à l’occasion de Marseille Provence 2013, « Yes We Camp » est un camping alternatif et expérimental, mêlant écologie et architectures performatives construit sur les quais de l’Estaque, et ouvert à tous de mai à septembre 2013. Le projet propose une programmation culturelle régulière, des ateliers participatifs, un espace de jeux, une buvette et un restaurant, de la création artistique, et des modules d’hébergement innovants.

« Yes, we camp » est un des événements phares du Off de Marseille 2013, un regroupement d’artistes locaux qui s’estimaient mal représentés par la capitale européenne de la culture « officielle ». Depuis, l’association MP2013 a vu l’intérêt de collaborer avec le Off, et « Yes, we camp » offre une proposition supplémentaire d’hébergement, mais aussi un intérêt artistique.

Ce camping complètement décalé rappelle l’ambiance conviviale des colonies de vacances, tout en étant situé les pieds dans l’eau. Il commence à faire le buzz sur Internet et sur les réseaux sociaux, ce qui attire de nombreux touristes français et étrangers.

Programmation :

Tous les jours, c’est l’été au Camping : jeux, détente, bricolage, marché local, fabrication d’objets, spectacles et animations, activités de découverte… La vie quotidienne du Village YesWeCamp mélange les voisins, les campeurs et les visiteurs. Un week-end par mois, c’est la fête du Camping ! Sardinade, spectacles, bal, brunch et troc. Et attention mesdames et messieurs, certains jours, certains soirs, et mêmes certains week-ends, c’est la Spéciale « Campe à Marseille » !

Hébergement :

160 places en hébergement à partir de 7 euros.

Du hamac à la maison bulle en passant par les moissonneuses et caravanes customisées, il y en a pour tout le monde à Yes We Camp !

7 août 2013 – Avec les fralib, de la résistance à l’alternative : Les luttes s’alimentent des luttes

(ouvrage coordonné par Hélène le Cacheux et François Longérinas)

La lutte des Fralib – Thé Eléphant – est emblématique à plusieurs titres. Elle nous montre des salariés qui refusent de baisser les yeux face à Unilever, géant capitaliste de l’agro-alimentaire. Non contents de défier la multinationale, ils ont construit un projet alternatif, celui de créer une société coopérative ouvrière de production, la « SCOP T.I ». S’inscrivant dans une démarche de circuits courts, ils feront appel à des producteurs locaux pour les ingrédients nécessaires à la fabrication des infusions. Ce livre raconte cette histoire exemplaire. Il est le fruit des travaux du premier « Séminaire ouvrier ». D’autres sont en gestation. Celui-ci s’est déroulé le 8 décembre 2012 sur le site de Fralib, à Gémenos, près d’Aubagne. Ensemble, universitaires, journalistes, ouvriers, militants politiques et syndicalistes, ont réfléchi et débattu de l’économie sociale et solidaire. Face à la domination médiatique et idéologique du libéralisme, il est urgent de montrer que la lutte de classe est productrice de résistance et d’idées neuves, qui sèment les graines d’un autre monde.

29 juillet 2013 – Précarisés, pas démotivés : les jeunes, le travail, l’engagement

(le nouvel ouvrage de Michel Vakaloulis)

Fruit de deux enquêtes approfondies, cet ouvrage révèle le malaise qu’éprouve de nombreux jeunes salariés sommés de devenir des collaborateurs « performants et dévoués » et obligés de revoir à la baisse leurs ambitions et leurs revendications.

Face à l’absence de démocratie dans l’entreprise, les jeunes salariés aspirent à un syndicalisme porteur et promoteur de projets accessible à tous qui rende crédible l’idée qu’un autre monde est possible.

En donnant largement la parole aux jeunes, ce livre interroge radicalement les visions habituelles : le rapport entre l’investissement dans le travail et l’engagement citoyen, la relation entre la réussite professionnelle et la solidarité, entre valorisation individuelle et quête de communauté. Nomade, précarisés mais pas démotivés, tel est le portrait des jeunes salariés qui se dégage de cette passionnante plongée dans leur univers. Qui saura répondre à leurs aspirations ?

23 juillet 2013 – Festival d’Avignon off 2013 : « Cour Nord »…un théâtre engagé

Des ouvriers du Nord entament leur dix-septième journée de grève pour empêcher la fermeture de leur usine et tous les drames humains qui en découleraient.

Tensions, grève, grève de la faim, rapports humains et solidarité sont au rendez-vous de cette représentation dynamique et très vivante où trois comédiens interprètent une quinzaine de personnages.

Le message de « Cour Nord » est saisissant et ancré dans une actualité brûlante que les médias ignorent ou alors traite en oubliant le fond, et en mettant en avant la forme et les faits divers. Cette œuvre originale et intelligente nous oblige à réfléchir à la nécessité de se battre pour ne pas se laisser dévorer.

« Cour Nord » : en représentation jusqu’au 31 juillet à 17h55 au théâtre de l’Alizé.

3 juillet 2013 – La fabrique du mensonge. Comment les industriels manipulent la science et nous mettent en danger

(Le nouvel ouvrage de Stéphane Foucart)

Les industriels manipulent la science pour organiser notre ignorance des effets nuisibles de leurs produits. Tel est la thèse, magistralement démontrée, de ce livre. L’auteur entre peut-être un peu trop dans le détail pour exposer les malversations de l’industrie du tabac, déjà largement analysées et connues. Mais ce n’est qu’un exemple parmi d’autres : de l’amiante au gaz de schiste, des pesticides aux perturbateurs endocriniens, sans oublier le climato-scepticisme, le journaliste du journal Le Monde décrypte avec précision la construction intellectuelle du doute et de l’occultation du savoir qu’organisent les multinationales. On ressort proprement sidéré d’un ouvrage où il est clairement démontré que des grandes entreprises, épaulées par certains scientifiques et même par des instituts publics, sont prêtes à tout pour sauvegarder leurs profits, y compris à jouer avec la santé des gens et, au-delà, avec la survie de l’espèce humaine. La menace écologique ne doit pas être la seule à nous inquiéter : nous avons peut-être atteint le point où l’alliance entre la science, la technique et l’économie de marché, loin de nous apporter de nouveaux bénéfices, nous met désormais en danger. Ce n’est pas un livre coup de gueule, il n’y a pas de théorie du complot. Juste une démonstration sobre, informée, soigneuse et implacable.

22 février 2013 – L’histoire qui aide à comprendre le présent…

Le billet de Robert

Depuis quelques semaines, la CFDT se signale à l’attention de l’opinion publique, par :

-le départ de son secrétaire général François Chérèque et sa transformation immédiate en agent prébendé de l’Etat,

-sa signature d’un accord national minoritaire, dit de sécurisation de l’emploi, avec le MEDEF,

-la déclaration de son nouveau secrétaire général, Laurent Berger, accusant la CGT d’être coresponsable, avec l’employeur, du projet de fermeture de l’usine Goodyear d’Amiens.
Tant d’actualité aussi négative pour les salariés, à mes yeux, m’a incité à aller voir ce qui pouvait expliquer que cette centrale syndicale signe régulièrement des accords dans le dos des salariés et se livre de plus en plus à des attaques frontales contre la CGT.

Pour ce faire, j’ai cherché à savoir quel avait été le parcours des secrétaires généraux des organisations syndicales représentatives (CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO) depuis les années 60 jusqu’à aujourd’hui, après qu’ils aient quitté leurs fonctions à la tête de leur centrale syndicale.

Là, je suis allé de stupeur en stupeur.

Hormis ceux de la CFDT, tous les ex-secrétaires généraux ou présidents des autres confédérations syndicales sont restés dans leur organisation ou dans des associations qui leur sont proches. Bref, ils n’ont pas fait carrière.

A l’inverse, tous les ex dirigeants de la CFDT, à l’exception d’Eugène Descamps, qui fut secrétaire général de la CFDT jusqu’en 1971, se sont retrouvés à la tête d’entreprises privées ou ont été nommés à des postes de hautes responsabilités dans des organismes publics.

A noter qu’Eugène Descamps a été, et de loin, le secrétaire général de la CFDT le plus unitaire. Il n’y a donc pas de hasard à ce que cet homme soit demeuré fidèle à ses engagements syndicaux, une fois déchargé de responsabilité.

Mais voyons quel fut le parcours de ses successeurs, dans les mêmes circonstances.

Commençons par le premier, Edmond Maire. Il fut secrétaire général de la CFDT de 1971 à 1988. Par la suite, il a été président de Villages Vacances Familles, devenu Belambra Clubs après avoir été privatisé en juillet 2006, puis président de la société d’investissement solidaire France Active (association d’insertion et d’aide à la création d’entreprise).

Edmond Maire a été remplacé, de 1988 jusqu’en 1992, par Jean Kaspar.

De 1993 à 1996, celui-ci a été conseiller social à l’ambassade de France à Washington. Il est, depuis 10 ans, consultant en stratégies sociales et gérant de « J.K consultant » à Paris. Il est par ailleurs vice-président de l’Observatoire social international et lié à Entreprise et Personnel, un club RH (ressources humaines) regroupant plusieurs grandes entreprises françaises. Il est aussi intervenant expert pour Entreprise & Personnel, APM (Association Progrès du Management) et GERME (Groupes d’Entraînement et de Réflexion au Management des Entreprises). Il est conseiller de la Fondation pour l’innovation politique. La Fondapol est un cercle de réflexion libéral, fondé par l’UMP, dirigé par Dominique Reynié (un des habitués de l’émission de la 5 « C dans l’air »). Jean Kaspar a aussi été membre de la Commission Attali mise en place par Nicolas Sarkozy. Le 19 mars 2012, il a été nommé président de la Commission du Grand Dialogue de La Poste par Jean-Paul Bailly, le P D-G.

J’en arrive maintenant à Nicole Notat. Elle fut secrétaire générale de la CFDT de 1992 à 2002.

Dès 2002, elle a été portée à la tête de Vigeo, société européenne d’évaluation des performances sociales et environnementales des entreprises. Parmi les actionnaires on y trouve toutes les grandes banques françaises, de grandes sociétés, des fonds de pension. Depuis le 1er janvier 2011, elle préside le célèbre club Le Siècle, dont font partie tous les dirigeants des grandes sociétés françaises. Elle est membre du groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe, nommée par le Conseil européen. Elle est membre du conseil d’administration de la Coface (Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur) et du conseil de surveillance du Monde SA. Bref, tout va bien pour elle. Et, il ne s’agit-là que d’un résumé de ses fonctions.

Passons maintenant au petit dernier, François Chérèque, secrétaire général de la CFDT jusqu’en décembre 2012.

Rassurez-vous, ça commence bien pour lui. Le 3 janvier 2013, il a été nommé inspecteur général des Affaires sociales. Il est également président du think-tank social-libéral Terra Nova. N’en doutons pas, ce n’est qu’un début. Le jeune homme ira bien plus haut et plus loin. Comme ses prédécesseurs, il a bien préparé le terrain, du temps où il était secrétaire général de la CFDT.

M’est avis que son successeur, Laurent Berger, a bien compris la leçon. Je dirais même plus, il l’a vite apprise. En l’espace d’un mois, il a trouvé le moyen d’accepter de signer un accord scélérat dans le dos des salariés, alors qu’il sait parfaitement que son organisation même avec l’apport de la CFTC et de la CGC, ne représentent que 38,70 % des voix des salariés, alors que les deux syndicats non signataires, la CGT et FO, pèsent 49,79 %. Et que si on y ajoute les voix des syndicats Sud-Solidaires et FSU, non conviés à la négociation, mais résolument contre l’accord, nous arrivons à 55,67 % des voix des salariés contre. A la CFDT, on appelle ça, respecter la démocratie. Mais Laurent Berger ne s’en n’est pas tenu là. Cette semaine, il a donné un coup de poignard dans le dos de la CGT, l’accusant d’être coresponsable, avec l’employeur, de la décision de fermeture de l’entreprise Goodyear à Amiens.

On ne m’ôtera pas de l’idée que, alors qu’ils sont en poste à la tête de leur confédération, les secrétaires généraux, depuis Edmond Maire, mais surtout depuis Jean Kaspar, pensent à la meilleure manière d’atterrir lorsqu’ils ne le seront plus. Il s’agit, pour eux, de donner des gages à leurs futurs employeurs. Ce sont des carriéristes. C’est la raison pour laquelle, systématiquement et de plus en plus, la CFDT accepte de signer l’inacceptable, sans tenir compte de l’avis de la majorité des salariés.

Ainsi va leur parodie de démocratie.