16 juillet 2020 – Ségur de la Santé : Vers une accélération de la transformation de l’hôpital public en hôpital entreprise

1275. Soignants en colère

On entend certains syndicats expliquer que le Ségur de la santé est un accord « historique ». Non ! C’est tout sauf un accord historique ! Un accord historique est un accord où 50 ans après, 100 ans après, on s’en rappelle encore ! Et il y a eu des accords historiques dans l’histoire du pays. Ce n’est pas le cas ici.

Celui-là est un accord avec des augmentations de salaire mais à côté de nombreux reculs sont positionnés en tant que chantage, en tant que principe du donnant/donnant. Mais les personnels de notre champ professionnel n’ont rien à donner ! Ils donnent suffisamment de leur personne à longueur d’année. Nous sommes loin du « quoi qu’il en coûte » du mois de mars. A ce moment là, il était question de prendre soin des personnels hospitaliers, de prendre soin de l’hôpital public… Alors qu’aujourd’hui, pour chaque euro donné, il faudrait des contreparties. C’est pour cela qu’il parait plus pertinent de parler de mascarade ou de gros plan de com.

On ne peut que regretter le manque d’ambition des trois syndicats signataires en terme d’analyse politique et d’exigences revendicatives. On s’était mis d’accord avec eux qu’on ne lâcherait rien en dessous de 300 euros nets par mois. Pourtant, ils ont pris des ciseaux et ont coupé la corde que nous tenions tous. En effet, au bout de 3 réunions de négociations, ils ont indiqué au gouvernement que 200 euros leur conviendrait très bien. On ne dit pas cela dans une négociation, c’est complètement kamikaze. C’est se tirer une balle dans le pieds ! C’est un très mauvais signal envoyé au gouvernement et cela a mis fin aux négociations. Pourtant le rapport de force était en notre faveur et le gouvernement avait précisé qu’il était pressé et qu’il lui fallait un accord avant le 14 juillet, donc c’était eux qui avait un impératif de planning et c’est eux qui étaient sous pression. Avec un peu plus d’unité et d’ambition, on aurait pu obtenir beaucoup plus en termes de rémunérations, de dégel du point d’indice et faire retirer de nombreux reculs. Nous sommes trop habituer à une société de la « médiocratie », toujours « jouer petits bras » dans tous les domaines et malheureusement c’est ce qui s’est passé une fois de plus. Alors que les conditions étaient réunies pour avoir un vrai accord historique mais il aurait fallu que tout le monde tire dans le même sens. C’est un regret et il faudra en tenir compte dans nos prochaines stratégies.

Ensuite, il y a un sujet dont on ne parle pas ou très peu depuis le début du Ségur de la santé alors que c’est un élément essentiel, c’est que le Ségur constitue une accélération de la transformation de l’hôpital public en hôpital/entreprise.

En effet, ce lieu d’accueil, de prévention, d’éducation et de soins est transformé, de réformes en accords successifs, en lieu de financiarisation, de mise en concurrence, et de management à l’anglo-saxonne.

Ce lieu hospitalier devient petit à petit inhospitalier pour des personnels toujours plus fatigués, perdant le sens de leur travail et cherchant à y rester le moins longtemps possible.

Une entreprise cherche à exister avec des salariés qui doivent être les moins nombreux possible mais également les plus disciplinés possible, tout en se concentrant sur les activités les plus rentables, avec différents outils : en jouant sur le temps de travail, en jouant sur la flexibilité, sur le mode de gouvernance, sur la sous-traitance de certaines activités et sur la dématérialisation d’autres…

Alors, les gouvernants disent qu’ils ont compris le problème et sous couvert d’augmentation des salaires, induite par un rapport de force construit sur de nombreux mois et renforcé par l’actualité sanitaire, en profitent pour acter toutes une série de contreparties pour asseoir cette transformation. C’est tout le sens du Ségur de la santé.

Il s’agit de fissurer les limites entre le public et le privé au travers des augmentations de salaires consenties. Il s’agit aussi de fissurer les limites entre les titulaires et les contractuels : On l’a vu dans les augmentations de salaire mais on le voit également dans la transformation en cours de la prime de service en prime au mérite pour tous. Mais cet outil de management individualisé, s’accompagne d’un outil de management collectif qu’est l’intéressement collectif prévu dans l’accord afin de consolider ce management d’entreprise.

Après le « détricotage » du code de travail ces dernières années dans le privé et la volonté d’avoir un code du travail par entreprise négocié dans chaque structure, le Ségur de la santé accroît la flexibilité, affaiblit les 35h00, renforce l’utilisation des heures supplémentaires, valide des accords locaux spécifiques négociés dans chaque établissement, prévoit le morcellement de la formation comme ils morcellent les activités ou nos métiers…

Donc, il s’agit d’une transformation systémique où la question salariale constitue l’arbre qui cache la forêt ou la partie émergée de l’iceberg qui tente de faire oublier ce qu’il y a dessous.

Donc, l’une des questions majeures à se poser c’est : Des augmentations de salaire méritent-t-elle que nous fermions les yeux sur une accélération de la transformation de l’hôpital public en hôpital/entreprise ?

On répète à longueur de journée « La santé n’est pas une marchandise et l’hôpital n’est pas une entreprise ». Est-ce seulement un slogan de communication ou est-ce une boussole qui doit animer notre engagement, nos actions et nos décisions ?

Afin de mieux comprendre le sens des évolutions en cours, il est important de bien faire le lien entre le Ségur de la santé, La loi Ma santé 2022, la loi de transformation de la fonction publique et la récente nomination de l’ultralibérale Amélie de Montchalin (du monde de la banque et de l’assurance) en tant que ministre de la transformation et de la fonction publiques. Tous ces points sont reliés entre eux, tel un réseau, avec des interdépendances et au service d’une même idéologie dont la radicalité et les limites sont sans cesse repoussées.

Tout est découpé, tout est éclaté : les activités de nos hôpitaux, nos rémunérations, nos pratiques professionnelles. Donc, on voit bien que c’est l’individu qui lui aussi est découpé pour mieux le contrôler et pour mieux l’emmener là où ils veulent tout en lui donnant l’impression que c’est lui qui choisit. Cette servitude volontaire est un véritable fléau qui prend de plus en plus d’ampleur dans nos vies. Car au plus ils déplacent le curseur des limites de leur domination, au plus ils travaillent à l’élargissement de notre seuil de tolérance.

Mais leur faiblesse, c’est qu’ils ne savent pas contenir leur appétit de domination, et ils ne savent pas ne pas aller trop loin. Et c’est ce qui les perdra !
Car il y a toujours une goutte d’eau qui fait déborder le vase, une mesure de trop qui éveille et enflamme les consciences ! Et c’est ce qui va se passer !

C’est pourquoi, il est important de ne pas relâcher la pression et de continuer à porter les revendications des personnels avec détermination !

>> Ci-joint un article du Canard Enchaîné d’hier sur le Ségur de la Santé : CLIQUER ICI

10 juillet 2020 – 365 jours de lutte à Sisteron – Rassemblement le lundi 13 juillet 2020 à 20h00 devant les Urgences

Bonjour,
Nous ne sommes pas des héros qui pourraient être sacrifiés et qui suivraient aveuglément le rôle qu’on voudrait leur faire jouer. Nous sommes des travailleurs, des citoyens déterminés qui sommes entrain de déserter les rôles qu’une petite minorité dominante a préparé pour nous pour reprendre possession de notre travail, de nos vies et de nos territoires !

C’est pourquoi, nous continuons à nous mobiliser avec détermination pour d’autres choix de société !

C’est pourquoi nous serons devant les Urgences de Sisteron lundi 13 juillet à 20h00 !

On lâche rien !

>> Ci-joint le tract appelant à la mobilisation du lundi 13 juillet devant l’hôpital de Sisteron :

1272. Tract 365 jours de lutte à Sisteron, 13 juillet 2020

23 juin 2020 – Du Ségur de la Santé à la mobilisation du mardi 30 juin devant l’hôpital de Manosque

Tract CGT Hôpital de Manosque 30 juin 2020 (p1)

Tract CGT Hôpital de Manosque 30 juin 2020 (p2)

Bonsoir,
Mobilisation le mardi 30 juin 2020 à Manosque !

Actuellement se déroule le Ségur de la Santé ». Nous sommes dans un moment charnière pour notre secteur d’activité. Une augmentation importante des salaires peut être gagnée. C’est le type d’évènement rare qui arrive tous les 30 ou 40 ans.

Mais rien n’a jamais été donné aux personnels ! Chaque droit, chaque avancée a été gagné par la lutte ! C’est tout le sens des luttes de ces dernières années dans notre secteur d’activité pour gagner une véritable rupture !

Le principal point positif de ce Ségur de la Santé c’est le consensus sur la nécessité d’augmenter tous les salaires ! Mais les ambitions ne sont pas les mêmes pour tous les acteurs. Nous avons besoin de faire pencher la balance du bon côté !

Les discussions, pour le moment porte sur :
– Un accord de méthode sur la discussion
– Une demande sur une revalorisation en urgence
– Et différents sujets annexes dont certains n’ont pas leur place

Dans ces discussions, il y a certains sujets qui n’ont rien à faire là et pour lesquels nous ne sommes pas d’accord comme :
– Sur la prévoyance
– Sur l’intéressement
Où ils veulent transposer certains dispositifs du privé vers le public.

D’autre sujets majeurs sont absents :
– Rien sur les effectifs !
– Rien de concret sur la pénibilité !
– Rien sur la reconnaissance des métiers à prédominance féminine !
– Rien sur la résorption des emplois précaires !
– Rien sur le médico-social et le social !
– Rien sur les moyens alloués à notre système de santé !

A la CGT, nous ne nous laisserons pas enfermer :
– ni dans un temps de négociation ultra-court comme le voudrait le gouvernement
– ni dans les seuls sujets qu’on tente de nous imposer

Il doit y avoir un timing en plusieurs temps :
– Des sujets à traiter dans l’urgence comme l’augmentation conséquente des salaires pour tous
– Des sujets de fonds pour lesquels il nous faut prendre davantage de temps (pour un grand service public de santé et d’action sociale)

Et bien entendu, il va nous falloir enfin un PLFSS (Projet de loi de financement de la sécurité sociale) à la hauteur des enjeux à l’automne prochain !

Il faut nous baser sur nos repères revendicatifs CGT avec notamment le dernier en date : le livret « 4 exigences, 12 propositions » de début juin 2020. D’ailleurs, ce document a été envoyé en version PDF à tous les syndicats. Et il vient également d’être imprimé en 100 000 exemplaires au niveau de la fédération et envoyé dans les territoires.

Nous avons besoin d’être le plus au clair possible avec ce que nous voulons pour les personnels et plus globalement pour notre système de santé, notre protection sociale.

C’est pourquoi les prochaines mobilisations des 30 juin et 14 juillet seront très importantes !

    Soyons nombreuses et nombreux
    MARDI 30 JUIN A 11H00
    Devant l’entrée principale de l’hôpital de Manosque

Bonnes luttes !!!

>> Ci-joint le tract recto/verso pour la mobilisation du 30 juin : CLIQUER ICI

13 juin 2020 – Le 16 juin, déconfinons nos colères !

Bonjour,
Alors que le mouvement a commencé il y a 2 ans dans les EHPAD et il y a 1 an dans les hôpitaux, que nous avons des revendications très précises (augmentation de salaires, d’effectifs, de lits…), les milliards sont distribués dans de nombreux secteurs mais pas dans la santé !

15 milliards pour l’aéronautique viennent d’être débloqués. On en prend acte. Mais nous avons besoin nous aussi de 15 milliards pour la santé tout de suite notamment pour créer les postes manquants dans les hôpitaux et les EHPAD, mais également pour rattraper toute la perte de pouvoir d’achat depuis 20 ans pour l’ensemble des métiers de la santé et de l’action sociale et cela immédiatement !

Pour la refonte du système de santé, pour la modification des qualifications, et pour tout le reste… on verra dans un second temps ! Non pas que c’est moins important, mais c’est surtout qu’il y a des débats de fond à avoir qu’on ne peut pas bâcler et aborder seulement en quelques jours.

Notre calendrier revendicatif doit s’appuyer sur un processus de mobilisation de haut niveau comme sur des revendications précises et légitimes. C’est ce que nous porterons le mardi 16 juin dans le département, dans toute la région et partout en France.

Il est plus que nécessaire d’obtenir une mobilisation massive et déterminée pour faire tomber les masques, tomber les écrans de fumée et pour gagner !

Soyons nombreuses et nombreux !
On lâche rien !

RDV à 10h00 sur le parking de Gemo (juste à côté du centre hospitalier de Digne) pour une opération « escargot » jusqu’à l’ARS (si possible en tenue de travail pour être identifié en tant que personnel de la santé).
+
Rassemblement à 11h00 devant l’ARS 04 à Digne

>> Ci-joint le tract de l’UD CGT 04 appelant à se mobiliser le 16 juin :
Tract UD CGT 04 pour le 16 juin 2020

31 mai 2020 – Pour la CGT Santé et Action Sociale PACA – Le 2 juin, toutes les raisons de maintenir la pression

Rassemblement grève soignants Ségur de la Santé

Bonjour,
Face à un désengagement de l’Etat et une gestion à la carte des territoires ou des établissements conduisant à une mise en concurrence généralisée et à un renforcement de l’individualisme, ce qui est très important aujourd’hui c’est la question de l’unité. Car en face, ils travaillent à la question de la division. On sort d’une période où l’unité s’est renforcée entre hospitaliers dans de nombreux sites d’après les retours que nous avons. Ce renforcement de l’unité… dans notre travail, on n’en a besoin…en tant qu’humain, on en a besoin… et pour obtenir des avancées, on en aura besoin !

On l’a vu ces derniers jours avec la prime Covid où des établissements ont 1500 euros d’autres ont 500 sans que les directions puissent expliquer les raisons de cette inégalité de traitement. En cette fin de semaine nous avons reçu de nombreuses questions d’agents qui nous questionnaient également sur l’inégal traitement lors des A.S.A.

En effet, la médecine du travail a mis en ASA (Autorisation Spéciale d’Absence) les personnels fragiles. Maintenant, on voit des établissements où ils ont droit à la prime, d’autres où ils n’ont pas droit. Idem pour les EHPAD rattachés aux hôpitaux : il y a des directions qui leur donnent la prime, d’autres non. C’est une confusion générale qui entretient une colère grandissante. Et que dire des personnels du privé qui n’ont toujours rien eu. Aucun texte n’est sorti à ce jour alors que nous avons tous les mêmes métiers !

Avant même la sortie de la prime, nous alertions sur les risques de petits arrangements entre amis d’une telle gestion « à la carte ». L’article de Nice matin d’hier confirme encore cela puisqu’un Député LREM explique qu’il a réussi à obtenir la prime à 1500 euros pour les soignants de l’hôpital de Grasse dont le décret prévoyait 500 euros. Mais, on note plusieurs situations similaires dans le territoire national.

Concernant les « Ségur de la santé », les hospitaliers sont très septiques. Ils sont également très attentifs aux contreparties qui pourraient leur être demandées.

Ce qui est surtout revenu dans les initiatives du mardi 26 mai, lors des prises de paroles d’hospitaliers, c’est l’urgence d’avoir des mesures immédiates sur :
– Des augmentations de salaire immédiates pour tous avec une augmentation immédiate du point d’indice
– Des embauches pour pouvoir prendre ses congés d’été, pour arrêter de fermer des lits, et pour arrêter de se tuer à la tâche…

C’est pourquoi il est primordial de maintenir la pression le mardi 2 juin dans toute la région, et partout ailleurs !

De nombreuses initiatives sont encore prévues : à 11h00 devant l’ARS à Marseille, à 14h30 à Digne avec une rencontre en Préfecture (avec plusieurs forces progressistes du département), à Nice à 11h30 sur le Parvis de l’hôpital de Pasteur, à 12h00 devant le Self de l’hôpital de Cimiez, à 13h30 sur le quai de livraison de l’hôpital de L’Archet, devant l’hôpital de Grasse à 11h30, à Draguignan à 16h30 devant l’EHPAD du Malmont, à 19h30 devant l’hôpital gériatrique Clémenceau à Toulon, à 11h00 devant l’entrée de l’hôpital d’Avignon…

Bon Courage et bonnes luttes !!!

>> Ci-joint le communiqué de presse de la coordination Régionale CGT Santé et Action Sociale PACA du 29 mai 2020 : CLIQUER ICI

>> Ci-joint le tract du syndicat CGT APHM des Hôpitaux de Marseille : CLIQUER ICI

>> Ci-joint le tract CGT de l’hôpital de l’Archet à Nice : CLIQUER ICI

>> Ci-joint quelques articles de presse reçus suite à la journée d’action du 26 mai dans la région : CLIQUER ICI

24 mai 2020 – Un monde d’après à la carte, des drones aux Urgences de Sisteron et les initiatives du 26 mai 2020 dans le département et la région


>> 1/ Un monde d’après à la carte ? Du moule à la modulation : plus de libertés en apparence, plus d’aliénation dans les faits ?
>> 2/ Action aux Urgences de Sisteron du 18 mai sous les drones
>> 3/ Initiatives du 26 mai et prochaines actions

>> 1/ UN MONDE D’APRES A LA CARTE ? DU MOULE A LA MODULATION : PLUS DE LIBERTES EN APPARENCE, PLUS D’ALIENATION DANS LES FAITS ?

La situation n’est pas facile à comprendre si on ne prend pas le temps de se poser un peu et de regarder où nous en sommes.
Nous sommes dans un système où on nous dit qu’il y a plus de libertés mais dans un cadre beaucoup plus restreint.
Nous sommes en quelque sorte des moutons enfermés dans un enclos à qui on dit « faisons tombés les barrières de cet enclos » mais par contre il y aura plus de contrôle (on veut savoir où vous êtes en permanence, ce que vous dites, ce que vous faites, ce que vous pensez…).

De plus, que ce soit au niveau des individus, des établissements, des collectivités locales, on va nous dire : vous pouvez faire ce que vous voulez mais pas contre vous aurez moins d’argent pour le faire et les contrôles invisibles et les pressions qui pèsent sur vous seront plus importants. Est-ce que c’est plus de libertés ? Si on creuse, on se rend compte qu’en fait c’est moins de libertés.

Et cette pseudo liberté est en fait une modulation où dans tous les domaines on passe du « moule » à la « modulation ». Dans le moule, il y a le principe de « tout le monde pareil » avec une recherche d’égalité de traitement. Par exemple, au niveau national, on recherche d’avoir des revalorisations salariales globales pour tout le monde. Alors que dans le processus actuel, on va vers toujours plus de primes individualisées. On l’a vu encore ces derniers jours avec la prime Covid où nous avons de nombreux appels de personnels qui ne comprennent pas : pourquoi mon collègue a une prime mais pas moi ? Pourquoi l’établissement voisin a une prime mais pas le mien ? Pourquoi ce département a une prime mais pas le mien ? Pourquoi untel a plus que moi ? Donc, cette prime est la mise en place d’une véritable usine à gaz : à la fois il y a un manque de clarté sur les critères et en même temps ils laissent la disposition aux directions d’établissement d’avoir une certaine souplesse dans l’interprétation des règles d’attribution. Mais ils laissent également la porte ouverte à de petits arrangements entre amis comme l’a dénoncé Bayrou ces derniers jours, qui ne fait plus partie des amis de Macron et qui se plaignait que les personnels de l’hôpital de Pau devraient recevoir une prime de 500 euros alors que pour ceux de l’hôpital de Bagnères-de-Bigorre ce sera 1500 euros. Il explique l’écart de prime par le fait que Bagnères-de-Bigorre est une ville où Macron a des attaches familiales et quelques amis. Nous ne savons pas si le cas ou pas, mais cette gestion à la carte est clairement propice aux arrangements, et au delà au renforcement de la corruption.

On voit cette modulation au niveau du temps de travail également avec différents services d’un même établissement ayant des temps de travail différent (7h00, 7h30, 10h00, 12h00…). On le voit au niveau des contrats de travail aussi…

Mais cette modulation s’applique à tous les niveaux et la crise actuelle ne fait que la renforcer.

C’est comme pour la tendance des formations à de plus en plus de métiers. Ils ne veulent pas qu’on soit trop pointu, trop compétent dans un domaine. L’objectif c’est d’être adaptable, interchangeable. Pour prendre un exemple concret de notre secteur d’activité, si on prend l’école des directeurs d’hôpitaux, l’objectif n’est pas de former des directeurs qui vont être très compétents en ressources humaines, d’autres qui vont être de très bons directeurs financiers… L’objectif c’est de connaitre un peu tous les domaines afin d’être interchangeable régulièrement.

L’idée c’est d’être modulable, comme une structure en préfabriqué qu’on va pouvoir déplacer d’un endroit à un autre, enlever une partie, en ajouter une autre… L’idée c’est de rendre modulable toujours plus les personnels avec ce principe là.

Ils veulent faire tomber les cadres, qu’ils disent « rigides ». Ce peut être des cadres protecteurs, ce peut être des cadres en termes de statuts… en termes de règlementations… en termes de règles de qualité… Pour eux les 35h00 constituent un cadre trop « rigide » qui ne leur permet pas de faire ce qu’ils veulent là où ils veulent.

Il s’agit aussi de rendre modulable le statut de la fonction publique qui a été créé pour répondre à l’intérêt général, en toute responsabilité, en évitant l’arbitraire, et en toute indépendance. C’est tout le sens de la Loi du 6 aout 2019 de transformation de la fonction publique où des modulations sont apportées notamment en termes de démocratie, de sanctions et sur l’usage des contractuels.

Pour aller encore plus loin, ils veulent les moyens de déroger à la loi et à son essence même. La loi c’est une norme commune, une règle juridique s’appliquant à tous.

Ainsi par exemple, il y a un texte qui est sorti le mois dernier dont on a pas ou très peu entendu parler qui entre pleinement dans ce processus de modulation. C’est le décret du 8 avril 2020 qui permet au Préfet de région ou de département de déroger à de nombreuses règles nationales. C’est en quelque sorte une mise en œuvre « à la carte ».

Enfin, pour en finir avec un exemple qui colle pleinement à l’actualité, il s’agit de l’annonce du ministre de la santé d’organiser les « Ségur » de la santé dans les prochains jours, une négociation avec les organisations syndicales, qui devrait être l’occasion d’une nouvelle propagande médiatique et dont les objectifs recherchés par le gouvernement vont probablement être de renforcer la modulation sur deux aspects. Premièrement, réduire fortement le cadre des 35h00 dans notre secteur d’activité afin de laisser davantage de marge de manœuvre aux directions. Deuxièmement, donner l’impression d’avancer vers des revalorisations salariales tout en affaiblissant toujours plus le cadre global comme l’égalité de traitement.

On voit bien qu’il y a différents objectifs recherchés : désengager l’Etat de ses responsabilités, organiser les territoires en fonction des besoins du capital, découper des activités pour mieux les marchandiser, renforcer la mise en concurrence des territoires, des établissements et des personnels, mettre en place ou renforcer les pouvoirs de petits barons locaux… Et en même temps supprimer les unes après les autres les libertés des citoyens.

C’est bien de résister et de lutter pour obtenir des avancées, il faut continuer à le faire, mais il faut aussi avoir conscience du monde dans lequel nous sommes. Car cette pseudo-liberté, on la paie cher, par la mise en place d’autres contraintes, d’autres aliénations.

On nous dit vous pouvez sortir du confinement mais ils mettent des drones partout. On l’a vu lundi soir à Sisteron.

>> 2/ ACTION AUX URGENCES DE SISTERON DU 18 MAI SOUS LES DRONES

Barrage de police à l’entrée de la ville… camions et voitures de police en grand nombre en face de l’hôpital… Drones au dessus de nos têtes quand nous parlions aux journalistes devant l’hôpital… C’est inédit dans un territoire rural comme le nôtre !

ça en dit long sur l’évolution du régime en cours ! Il y a une ambiance pesante, oppressante à tous les niveaux. On a un déconfinement également à la carte où on peut avoir 15 enfants dans la même classe, des centaines de personnes dans des rues piétonnes pour consommer, des dizaines et des dizaines de personnes dans les transports en commun pour aller travailler, mais on ne veut pas plus de 10 manifestants avec des masques et éloignés de plus d’un mètre…

Malgré tout, nos exigences n’ont pas été affaiblies par la crise sanitaire, au contraire elles ont été rendues encore plus légitimes ! Nos territoires ne sont pas modulables ! Nos vies ne sont pas modulables ! Nos urgences, nos maternités, nos réanimations, nos services publics ne sont pas modulables !
Il ne faut rien lâcher et continuer à se mobiliser partout !
Et c’est le sens des prochaines journées d’actions comme le 26 mai ou le 16 juin.

>> 3/ INITIATIVES DU MARDI 26 MAI ET PROCHAINES ACTIONS

Comme partout sur le territoire, et même au-delà des frontières, la mobilisation redémarre dans les établissements sanitaires, socio et médicaux sociaux de la région PACA. Ainsi, le mardi 26 mai sera l’occasion de diverses initiatives ayant pour objectif de rendre visible les colères et revendications des salariés du secteur : à partir de 8h00 et pour toute la journée à l’entrée de l’hôpital de Digne, à 11h00 à l’entrée de l’hôpital de Manosque, à 11h30 sur le parvis de l’hôpital de grasse, à Nice à 12h30 sur l’hôpital de Cimiez, à 13h30 sur l’hôpital l’Archet, à 11h30 sur le parvis de l’hôpital Pasteur, à l’hôpital d’Antibes, à 13h30 à Marseille devant l’hôpital de la Timone, à 16h30 devant l’hôpital de Draguignan, à 19h30 devant l’hôpital Sainte Musse à Toulon, devant l’hôpital d’Avignon…

Plus précisément sur le département :
– Le syndicat CGT de l’hôpital de Digne organise une journée de grève avec une remise de médailles en chocolat et de cacahuètes au sein de l’établissement. Initiative à l’entrée de l’hôpital de 8h00 à 17h00.
– Sur l’hôpital de Manosque, le syndicat CGT a prévu le dépôt d’une gerbe de fleur à 11h00 devant l’hôpital pour rendre hommage aux victimes du COVID (personnels et usagers) mais également pour rendre hommage à tous les personnels mobilisés pendant cette crise sanitaire et pour qui le gouvernement ne propose comme remerciements que des applaudissements, des dons de RTT de salariés d’autres secteurs, des médailles et des « primettes » qui sont de véritables usines à gaz.
– Ce ne sont pas des rassemblements : ce sont des initiatives devant rassembler pas plus de 10 personnes et en respectant les règles de protection (masques, distanciation….).

Au moment où le gouvernement se dit prêt à engager des négociations salariales, quelles que soient ses réelles intentions, il est important que la mobilisation se voie et que la colère se fasse entendre, pour pousser et accroitre le rapport de force, c’est pourquoi il est important de monter en puissance.

Bon courage et bonnes luttes !

>> Ci-joint le communiqué de presse pour les actions du 26 mai dans le département :
1263.1 Communiqué de presse USD CGT Santé 26 mai 2020

>> Pour voir le communiqué complet au format PDF : CLIQUER ICI

>> Ci-joint l’article du journal La Provence du 20 mai « Urgences : ils étaient là malgré l’interdiction » (cliquer sur l’image pour agrandir) :
1263.2 Article La Provence du 20 mai 2020

>> Ci-joint l’article du journal Le Dauphiné du 20 mai « Un rassemblement devant les urgences malgré l’interdiction » (cliquer sur l’image pour agrandir) :
1263.3 Article Le Dauphiné du 20 mai 2020

>> Pour voir l’article du journal Haute Provence Info du 19 mai « Hôpital de Sisteron : Les manifestants ont dû freiner leur action » : CLIQUER ICI

>> Pour voir l’article de DICI TV du 19 mai « Coronavirus – une quarantaine de manifestants réunis ce lundi soir à Sisteron » : CLIQUER ICI

>> Ci-joint l’article du journal Le Dauphiné du 18 mai avec une partie « A l’EHPAD de Banon, six morts mais une prime moins importante » + Une partie « Les inquiétudes de la CGT » (suite à la réunion avec le Préfet) – (cliquer sur l’image pour agrandir) :
1263.4 Article Le Dauphiné du 18 mai 2020 prime et RDV avec le Préfet

>> Pour voir l’interview de DICI TV du 18 mai « Coronavirus – De 500 à 1 500 euros selon les cas, le flou sur la prime pour les soignants provoque la colère » : CLIQUER ICI