7 décembre 2016 – Lettre ouverte au Préfet, à l’ARS, et aux directeurs d’établissements publics de santé du département des Alpes de Haute Provence


Ci-joint le courrier de l’USD CGT Santé et Action Sociale 04 (sous forme de lettre ouverte) envoyé au Préfet, à l’ARS et aux directeurs des établissements publics de santé du département dans le cadre des suites de la mobilisation du 8 novembre :

Digne-les-Bains, le 2 décembre 2016

>> Lettre ouverte au Préfet, à l’ARS, et aux directeurs d’établissements publics de santé du département des Alpes de Haute Provence

Mesdames, Messieurs,

A l’appel des syndicats CGT et FO Santé et Action Sociale 04, de nombreux manifestants se sont rassemblés devant la Préfecture le 8 novembre pour exprimer leur mécontentement pour ne pas dire leur écœurement face aux situations qu’ils vivent en tant que professionnels mais également en temps qu’usagers. Non, nous ne pouvons pas subir le contexte difficile que nous traversons dans la résignation !

Depuis trop longtemps les réformes d’austérité que nous impose le gouvernement détruisent à petit feu notre service public de santé et d’action sociale. Depuis plus de 20 ans, les réformes se suivent et malheureusement se ressemblent. Il faut faire encore et toujours plus avec encore et toujours moins de moyens. Les conséquences sont toujours les mêmes : personnels et usagers vont devoir payer l’addition.

En 2015, c’est la loi « santé », et les mesures du plan triennal avec plus de 3 milliards d’économies, qui sont décidées dans le cadre du pacte de responsabilité, avec à la clé : 22 000 suppressions de postes, auxquelles il faut ajouter la médiocre augmentation du point d’indice de 1.2% (0.6% en juillet de cette année et 0.6% en février 2017), et une réforme sur nos déroulements de carrière (PPCR) passé en force à la méthode du 49.3 méprisante et bien loin de nos attentes.

Pour l’heure, le PLFSS 2017 a été dévoilé. Il prévoit à nouveau plus de 4 milliards d’économie pour un retour à l’équilibre des comptes de la Sécurité Sociale et ce sur le dos des assurés sociaux. C’est un nouveau plan d’austérité qui va s’abattre sur notre système de santé avec des attaques sans précédents sur la formation professionnelle.

Dans un contexte de restriction budgétaire majeure, les projets nocifs se multiplient dans la précipitation sans qu’aucune réflexion ni concertation n’aient été menées au détriment de l’offre de soin, dans le mépris des équipes soignantes et de la qualité des prises en charge.

Nous appelons cela de la violence institutionnelle qui organise la casse sociale, génératrice de souffrance et de mal être des personnels. Ces situations ont même conduit des collègues au suicide dans certains établissements cet été.

C’est pour cela que nous interpellons ce jour le représentant de l’Etat dans le département, Monsieur le Préfet, l’Agence Régionale de Santé, comme nous interpellons l’ensemble des directions d’établissements sur leur responsabilité à protéger les agents et à conserver un environnement de travail favorisant la confiance, la valorisation, la considération, les valeurs du travailler ensemble et du bien accueillir et bien soigner. La seule réponse à la politique du chiffre imposée ne permettra ni de garantir notre qualité de soins ni des conditions de travail décentes.
Oui, vous devez veiller à la mise en œuvre d’une politique sociale plus humaine, plus respectueuse et plus juste. Au-delà du massacre organisé de nos services et de nos pratiques au mépris de toutes nos compétences et de toutes nos spécificités.

Depuis la rentrée de septembre, pas un jour, pas une semaine ne passe sans que les équipes ne manifestent leurs inquiétudes…leur mal-être…où même pire.

Les annonces sont de plus en plus brutales, les réorganisations, les restructurations sont annoncées sans précaution, sans anticipation laissant planer le flou sur l’avenir alors même qu’aucune visibilité à long terme comme à court terme ne soit travaillée.

Ce n’est pas cette conception du soin que nous voulons ! Nous portons l’idée d’un service public de santé et d’action sociale au service des usagers…pas celle qui compte avant de soigner. Nous ne laisserons pas les directions ne penser que gestion comptable, et travaillerons pour imposer l’idée que notre seule boussole doit être la qualité de l’offre de soins !

Nous exigeons un vrai projet de soins qui préserve nos équipes et soutienne nos compétences.

C’est pourquoi, aujourd’hui, nous exigeons :

– un moratoire sur toutes les réorganisations en cours tant qu’un véritable projet d’établissement intégrant les services techniques / logistiques et administratifs, et qu’un projet médical ne soient rédigés en concertation avec les équipes et validés dans les différentes instances
– l’arrêt de toutes les suppressions de postes et fermetures de structures
– le maintien des activités et des conditions de travail partout pour garantir l’accès aux soins et leur qualité
– un véritable respect des personnels et des populations soignées
– nous revendiquons des garanties et un véritable engagement de l’ensemble des établissements pour les années à venir sur l’emploi, les qualifications et les organisations de travail.

C’est sur de vraies valeurs de respect, de transparence, de continuité, d’équité, de solidarité et d’intégrité que se définissent selon nous les bases d’un véritable Service Public de Santé et d’Action Sociale.

Nous ne plierons pas et continuerons à vouloir préserver notre offre de soins, nos pratiques, nos conditions de travail, notre service public de santé et d’action sociale.

Cette journée de mobilisation du 8 novembre constitue le point de départ d’un processus revendicatif et d’actions que nous envisageons sur le long terme.

Persuadés que vous prendrez en compte cette inquiétante situation, je vous prie d’agréer, Mesdames, Messieurs, mes salutations distinguées.