4 avril 2020 – L’unité nationale contaminée et confinée

1251. Coronavirus préfet de Paris Lallement

>> Le Préfet de Paris a expliqué que les patients en réanimation sont ceux qui n’ont pas respecté le confinement (voir l’article ci-dessous d’hier).

C’est très révélateur de leur conception de l’unité nationale !!! Une unité nationale qui ne va que dans un sens est en fait une désunion nationale !!! Tous ensemble, avec le gouvernement, contre le covid, non merci !!! Ils en profitent pour déréglementer le travail… ils envoient les personnels soignants se faire dégommer sans protection… Pour une union nationale, il faudrait qu’ils fassent le maximum mais c’est loin d’être cas. Et même le minimum, qui est le respect de base, ils en sont incapables !

Quand on voit tous les contaminés en ce moment qui sont notamment des collègues qui travaillent dans les hôpitaux, les EHPAD, le commerce, le transport, la poste… on se rend compte à quel point ces gens là sont ignobles !!! Dans le département, il y a une quinzaine de collègues de la poste convoqués au tribunal… elle est où l’unité nationale ? Je crois qu’elle est aussi en Réa !!!

L’unité nationale ce n’est pas profiter de la situation pour museler toute l’opposition parlementaire et rester dans un monologue rassurant !
L’unité nationale ne doit pas simplement consister en un recul des conditions de travail, des droits des travailleurs, de toutes les protections et des libertés individuelles !
L’unité nationale ce n’est pas d’un côté quelques uns qui comptent les sous et tous les autres qui comptent les morts !

L’unité nationale doit se faire au travers d’une politique nationale cohérente et elle doit être juste envers celles et ceux qui sont en première ligne !
L’unité nationale c’est revenir à l’humilité et c’est faire confiance à l’intelligence populaire !
L’unité nationale c’est revenir à un état régulateur et planificateur (c’est d’ailleurs la première leçon à tirer de cette crise) !
L’unité nationale c’est la nationalisation des entreprises de fabrication des fournitures et matériels médicaux avec la mise en place d’un grand pôle public du médicament !
L’unité nationale c’est prendre beaucoup de recul avec toutes les recommandations et directives de l’union européenne !
L’unité nationale passe aussi par un arrêt des mensonges d’état qui sont quasi-journaliers !

Pour voir l’article d’hier matin, cliquer sur ce lien : CLIQUER ICI

>> Les derniers billets d’humeur de Christophe Prudhomme :

* Billet d’humeur du jour – Colère noire
Alors que nous nous battons face à la pénurie au quotidien pour sauver des patients, une note commandée par Emmanuel Macron à la Caisse des dépôts et consignations me met dans une colère noire. Cet outil financier de l’Etat créé par Napoléon nous propose un plan pour l’hôpital public qui se résume à sa privatisation et à son dépeçage, permettant aux requins de la finance de s’accaparer les morceaux les plus rentables.
Je vous ai écouté, Monsieur le Président, lors de votre discours de Mulhouse. J’étais sceptique face à vos promesses mais il me restait un espoir qu’en insistant un peu, finalement vous alliez commencer à répondre aux revendications que nous défendons depuis plus d’un an. Là, c’est la douche froide. Quelle écœurante duplicité ! Vous nous mentez en pleine tempête et je ne peut plus faire confiance au capitaine du bateau.
Nous allons continuer à nous battre pour nos patients puis viendra le temps du bilan. Aujourd’hui mes journées sont longues à l’hôpital et j’utilise mes rares heures disponibles pour poursuivre mon activité syndicale car mes collègues me demandent d’être leur porte-parole pour demander des moyens et exprimer leur désarroi et leurs inquiétudes.
Mais demain, nous nous mobiliserons pour un changement radical de politique pour que par exemple les agents de la Caisse des dépôts travaillent dans l’intérêt des services publics, notamment l’hôpital public, et pas pour celui du monde de la finance.

* Billet d’humeur du jour – L’urgence : la réquisition des entreprises
Nous subissons depuis le début de l’épidémie le manque de moyens de protection, notamment de masques, non seulement à l’hôpital mais aussi en ville où nos collègues médecins, infirmières, ambulanciers, etc.travaillent dans des conditions indignes qui les mettent en danger.
Aujourd’hui, la situation devient plus grave avec un début de rupture d’approvisionnement en médicaments essentiels, notamment les anesthésiques absolument indispensables pour endormir les patients intubés et ventilés en réanimation. Nous sommes là face à une mise en danger immédiate de la vie des patients. Cette situation était prévisible et rien n’a été fait. Depuis plusieurs années, nous avons été nombreux à protester et à demander au gouvernement de prendre des mesures face aux ruptures d’approvisionnement qui augmentent d’année en année dans les pharmacies. Il s’agit là de la conséquence directe des choix de l’industrie pharmaceutique qui a privilégié sa rentabilité financière au détriment de la sécurisation de sa production. Tout cela est connu et a été largement analysé par des associations comme l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament dont les appels auprès des pouvoirs publics sont restés sans réponse.
Il n’est plus possible face à cette crise dans la crise de se contenter de faire appel à la bonne volonté des entreprises et d’organiser des visites à visée médiatique, monsieur le Président de la République. L’urgence est à la réquisition immédiate des entreprises pour que la priorité soit donnée à la fabrication des produits indispensables au bon fonctionnement de notre système de santé. Le bricolage, c’est fini ! Seule la réquisition permet de prioriser les productions, de les répartir en fonction despriorités et de contrôler les prix.
Il est par ailleurs insupportable de constater que la Communauté européenne ne sert à rien aujourd’hui. Chaque pays mène sa propre politique, s’est replié derrière ses frontières et il existe même un concurrence brutale pour s’approprier les rares moyens disponibles sur place où qui sont commandés à l’étranger.
L’inhumanité de l’organisation de notre économie dans le cadre de la mondialisation libérale est mise en pleine lumière. Monsieur le Président, vos belles paroles sur le thème « Demain, tout ne pourra plus être comme hier » ne peuvent suffire. L’urgence est immédiate et c’est maintenant que les choses doivent changer avec une première étape : la réquisition par l’Etat des entreprises indispensables pour sauver des vies aujourd’hui. Demain, nous compterons les morts qui auraient pu être évités.

* Billet d’humeur du jour
Des doutes légitimes existent sur la gestion de la crise par le gouvernement actuel avec en arrière plan les responsabilités des gouvernements précédents.
Dès le mois de janvier, nous avions été un certain nombre à souligner le fait que notre système hospitalier était à la limite de la rupture et qu’en cas d’épidémie sévère il risquait de ne pas être capable de gérer une augmentation brutale du nombre de malades. Par ailleurs, nous dénonçons depuis plus d’un an le manque de lits, de personnels, de matériel et de médicaments trop souvent en rupture de stock. La situation de tension, notamment en lits de réanimation, était prévisible. En effet, si nous étions parti « en guerre » avec le même nombre de lits rapporté à la population qu’en Allemagne, nous aurions disposé au départ de 10 000 lits, et non pas de 5000. Face à cette situation, le choix des TGV sanitaires interroge. Ne serait-il pas plus simple de rapatrier du matériel et d’affecter du personnel dans des locaux disponibles sur place, notamment à l’Hôtel-Dieu, en plein centre de Paris où les locaux de la réanimation fermée il y a quelques années sont encore en état avec les alimentations en oxygène notamment. N’en déplaise à certains qui n’aiment visiblement pas les syndicalistes, notamment de la CGT, ces critiques sont légitimes et doivent être faites car il n’est pas question que sous couvert d’unité nationale, tout débat soit étouffé.

* Billet d’humeur du jour – Urgence pour les EHPAD
À ce stade de l’épidémie, la priorité doit être les 700 000 résidents en EHPAD. Pour éviter le confinement total qui risque d’augmenter encore les difficultés, il est nécessaire que nos collègues bénéficient en urgence de matériel de protection et surtout de renforts en personnel. Il faut des masques et des surblouses, car cela fait pleurer de voir ces professionnelles être obligées de bricoler elles-mêmes des masques en tissu ou d’utiliser des sacs poubelle comme protection.
Cette situation était prévisible. Il y a deux ans, un grand mouvement à agité les EHPAD avec une revendication de création de 200 000 emplois en urgence pour pouvoir avoir un ratio d’un agent par résident. Taux d’encadrement nécessaire pour avoir le temps de donner à manger aux résidents dépendants, de pouvoir donner plus d’une douche par semaine et surtout de pouvoir disposer de temps pour les écouter, leur parler et les réconforter. Or, là aussi, le gouvernement n’a pas répondu aux revendications et seuls quelques milliers d’emplois ont été promis. Par contre les groupes privés lucratifs qui gèrent une bonne partie de ces établissements ont continué à engranger de confortables bénéfices leur permettant de se développer dans de nombreux pays, y compris la Chine où un marché s’ouvrait.
Alors aujourd’hui exigeons un soutien massif aux aides-soignantes, infirmières et autres personnels des EHPAD.
Dr Christophe Prudhomme

1er avril 2020 – Crise sanitaire – Coronavirus – Situation des hôpitaux du département

Bonsoir,
Ci-joint quelques infos du jour sur la situation actuelle.
Bon courage !

1) Appel à donner une semaine de travail :

Il y a un appel du gouvernement qui a été relayé aujourd’hui par l’ARS PACA sur son site internet. Il s’agit d’un appel « au don d’une semaine de travail » pour aller renforcer les équipes d’Ile de France et de la région Grand Est (voir document ci-dessous) :
1250. 1 Message ARS PACA du 1er avril 2020

Cliquer également sur ce lien : CLIQUER ICI

Voilà, une fois de plus nous sommes dans le bricolage et dans la pose de rustine… ça fait peur !
On est en sous-effectif partout, situation induite par la politique de ce gouvernement et des précédents. Et ce serait aux personnels maintenant de gérer les conséquences de leurs erreurs et de leurs mauvais choix.

2) Coronavirus et rappel des retraités

La crise sanitaire que nous traversons actuellement est l’occasion pour certaines directions hospitalières de déclencher le « plan blanc ». Vous êtes nombreux à nous demander si dans le cas de l’épidémie de coronavirus, les retraités peuvent être réquisitionnés.

Ci-joint, une note incluant les articles du code de la santé publique sur lesquels vous pouvez vous appuyer, et qui indique que « seuls des retraités de la fonction publique ou du secteur privé qui sont volontaires et qui ont cessé d’exercer leur profession depuis moins de cinq ans, peuvent être réservistes et être appelés en renfort… » : CLIQUER ICI

3) « Solutions » de Macron pour l’hôpital public : non ce n’est pas un poisson d’avril
Ci-joint l’article de Médiapart de ce matin intitulé « Hôpital public : la note explosive de la caisse des dépôts » : CLIQUER ICI
Ci-joint également la note dont l’article fait référence : CLIQUER ICI
C’est un aperçu de la manière dont le gouvernement prépare la marchandisation après cette crise…

4) Communiqué de presse de la CGT 04 : « Aujourd’hui tout le monde le constate : une rupture, c’est vital ! »
Ci-joint le communiqué de presse du jour de la CGT 04 : CLIQUER ICI
Communiqué UD USD santé Coronavirus

5) Professeur Raoult de Bergerac
Parodie de l’extrait « Non Merci ! » de Cyrano de Bergerac
Cliquer sur ce lien :

30 mars 2020 – Enorme coup de Gueule du Dr Christophe Prudhomme vs un pitoyable C. Barbier Chien de Garde de Macron

Enorme coup de Gueule du Dr Christophe Prudhomme vs un pitoyable C. Barbier
Pour voir la vidéo, cliquer sur ce lien :

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Le Billet d’humeur du jour de Christophe Prudhomme du 30 mars 2020 :

Retour au Samu ce matin pour une semaine cruciale en Ile-de-France avec le pic de l’épidémie qui s’annonce. Tout le monde va devoir être sur le pont. Tout le monde, ce sont mes collègues du Samu 93 que je voudrais vous faire connaître aujourd’hui. Les ambulancier.e.s si mal payés et si compétents. Les assistant.e.s de régulation médicale qui décrochent et trient les appels du 15 qui ont quadruplé. Les infirmier.e.s anesthésistes et les puéricultrices qui apportent leurs immenses compétences dans les ambulances de réanimation. Les médecins urgentistes et pédiatres, les internes qui accumulent les heures, des plus jeunes aux plus anciens. Les logisticiens qui assurent la gestion du matériel, si précieux car si rare dans le contexte de pénurie que nous subissons. Les secrétaires qui gèrent l’administration, indispensable au bon fonctionnement de notre structure très complexe. Nos deux professeurs de médecine qui nous alimentent en synthèses de données scientifiques pour mieux comprendre l’épidémie. Les cadres paramédicaux qui galèrent pour assurer les commandes de matériel et éviter les ruptures. Puis ceux qui sont venus en renfort : les anciens du service qui ont remis la blouse, les étudiants en médecine qui sont venus renforcer les équipes, les ambulanciers privés, les bénévoles des associations de secourisme… Plus tous ceux que j’oublie dans l’hôpital mais qui permettent à notre service très complexe de bien fonctionner. Personne ne compte aujourd’hui ses heures, la fatigue se fait sentir mais l’ambiance est très bonne avec une grande solidarité dans les équipes. Merci mes collègues et souvent amis. Ensemble nous sommes forts et nous allons assurer la continuité du service public pour la population.

30 mars 2020 – La CGT Santé remet les pendules à l’heure avec la députée Domeizel (en marche arrière)

Il y a pile deux ans, nous avons rencontré les députés afin de les alerter sur la situation catastrophique des hôpitaux et des EHPAD mais également pour exiger un changement de cap dans leur politique. Les mêmes qui aujourd’hui sortent dans les médias avec la larme à l’œil, et s’étonnent de la situation, ont fait à l’époque preuve d’un cynisme inacceptable. Un entretien qui nous a particulièrement choqué est celui avec la Députée Domeizel (LREM) et qui ne s’est pas très bien terminé d’ailleurs.

Ci-joint la vidéo que nous avons réalisé à la sortie de ce RDV et qui est plus que jamais d’actualité (cliquer sur ce lien) :

29 mars 2020 – Crise sanitaire – Les derniers billets d’humeur de Christophe Prudhomme, médecin urgentiste

Christophe Prudhomme médecin urgentiste CGT Santé

Bonjour,
Nous nous faisons partager les derniers billets d’humeur de Christophe Prudhomme, médecin urgentiste, membre de la direction fédérale CGT Santé.
Bonne journée et bon courage

 Billet d’humeur du jour numéro 2 :
Que le Président de la, République reconnaisse que l’hôpital va mal est un premier acquis. Cependant, ses promesses restent floues alors que nos revendications sont précises et chiffrées. Nous réclamons des lits et l’arrêt des fermetures de services et d’hôpitaux. Nous réclamons des effectifs supplémentaires : 100 000 à l’hôpital et 200 000 en EHPAD. Enfin nous réclamons des augmentations de salaires et non des primes. Le chiffrage a été fait par l’intersyndicale et les collectifs. Nous demandons pour 2020 une augmentation du budget des hôpitaux de 5 %, soit 4 milliards d’euros immédiatement.
Les promesses faites hier ne sont pas à la hauteur de la crise qui ne date pas d’aujourd’hui. Elles restent floues et non chiffrées, présentées dans le cadre d’un discours compassionnel qui nous énerve.
Monsieur Macron, nous voulons du concret avec des financements précis. Le temps des promesses, c’est terminé !

 Billet d’humeur du jour numéro 3 :
Que l’armée française ne soit pas capable de monter un véritable hôpital de campagne avec un nombre de lits conséquent et que l’aide à Mulhouse se limite à quelques tentes avec 30 lits, alors que des pays comme la Chine ont construit des hôpitaux de plusieurs centaines de lits avec des bâtiments modulaires en quelques jours. Cela montre bien que la politique de destruction du Service de santé des armées, avec la fermeture de nombreux hôpitaux, a mis aussi ce service public à genoux.
La conséquence a été l’organisation d’un train sanitaire qui a été largement médiatisée mais qui s’avère être un gâchis délirant en termes de moyens dans la situation actuelle. Mobiliser 150 soignants pour faire traverser la France à 20 malades, mais quelle bêtise ! D’une part, la crise en Alsace est largement due au fait que le nombre de lits en réanimation dans cette région était initialement insuffisant comme dans toute la France et je le rappelle de moitié inférieur rapporté à la population par rapport à ce qui existe de l’autre côté du Rhin, en Allemagne. Par ailleurs, il aurait été préférable de monter un véritable hôpital supplémentaire en faisant appel à la réserve sanitaire sur place à Mulhouse.
Demain, nous risquons d’être à saturation en Ile-de-France en ce qui concerne les lits de réanimation. Allons-nous organiser des trains sanitaires pour répartir les patients sur toute le territoire ? Non, il faut que le gouvernement mobilise l’ensemble de nos ressources pour le système de santé en arrêtant les activités non essentielles et mette en œuvre des capacités hospitalières supplémentaires sur place en région parisienne dans des locaux disponibles.

 Billet d’humeur du jour numéro 4 :
J’étais hier jusqu’à minuit en régulation au Samu de Seine-Saint-Denis. Depuis 3 jours, plus aucune place en réanimation dans notre département. La conséquence est le transfert de patients dans des réanimations au quatre coins de la région parisienne.
Cela souligne deux problèmes.
Premièrement, cela met en lumière ce que nous dénonçons depuis des années, à savoir la faiblesse des services publics dans les départements les plus pauvres, notamment en termes de lits hospitaliers. Faiblesse qui n’ est pas compensée par le secteur privé lucratif que nous avons sollicité, mais qui était lui aussi dépassé et qui par ailleurs n’est pas doté de beaucoup de places en réanimation.
Deuxièmement, cela pose une question sur la stratégie du gouvernement. Il faudrait en urgence augmenter les capacités hospitalières sur place, bien au-delà de ce qui a été fait jusqu’à présent. Mais aujourd’hui la réponse qui semble se profiler est celle de nouveaux TGV sanitaires pour évacuer des patients sur la province. Cela ne semble pas raisonnable. Il serait plus utile de mobiliser l’ensemble des ressources logistiques et humaines disponibles en Île-de-France. La priorité ne peut être aujourd’hui le maintien de l’activité économique, y compris dans des secteurs qui ne sont pas essentiels dans la lutte contre l’épidémie. Toutes nos forces doivent être concentrées immédiatement pour passer le cap du pic de l’épidémie dans les régions les plus touchées.
La région parisienne est soit disant une des régions les plus riches du monde, le gouvernement doit arrêter de tergiverser et de courir après les événements. Il est possible, si les bonnes décisions politiques sont prises immédiatement, de pouvoir mettre en œuvre les solutions adaptées.

 Billet d’humeur du jour numéro 5 :
Ce matin, dimanche, je pars au travail au Samu 93, avec une certaine appréhension car depuis maintenant plusieurs jours, les réanimations d’Ile-de-France arrivent à saturation. Il va donc être difficile de trouver des solutions pour de nombreux patients, notamment les plus, âgés.
J’ai entendu hier soir le Premier ministre et le Ministre de la santé faire des annonces concernant des commandes de matériel et des prévisions d’ouverture de lits de réanimation. Dans un premier temps, je me suis dit que pour la première fois depuis de nombreuses semaines, le gouvernement n’était plus dans le déni et reconnaissait la pénurie de matériel. Mais en écoutant l’énoncé des chiffres et les dates annoncées, la colère m’est montée au nez. Nous avons besoin des tests, des masques et des lits de réanimation aujourd’hui et pas dans 10 ou 15 jours ! Nous promettre 50.000 tests par jour fin avril alors que l’Allemagne en fait déjà plus quotidiennement aujourd’hui, qu’elle foutaise ! Il en va de même pour les masques promis dans les EHPAD qui sont indispensables dès maintenant !
Cela montre bien que le gouvernement a encore un train de retard et court après la crise. Gouverner, c’est prévoir, messieurs. Et vous n’avez rien prévu à temps.
Nous, urgentistes, demandons que tous les moyens industriels, logistiques et humains de notre pays soient mobilisés immédiatement pour que notre système de santé puisse répondre aux besoins des patients. Il faut arrêter toutes les autres activités non essentielles. C’est vital, car nous refusons d’être en situation de sélectionner les malades qui pourront aller en réanimation et ceux qu’il faudra laisser mourir par manque de moyens.
Dr Christophe Prudhomme
Médecin urgentiste

29 mars 2020 – Crise sanitaire – Le conseil du jour – Attention aux écrits

1246. L'importance des écrits

Il est très important dans cette période trouble, de perte de repères, d’avoir des écrits pour se protéger aujourd’hui mais également pour préparer l’après. Il faut être vigilant dans ce qui est fait, dans ce qu’on nous impose, dans ce qu’on nous demande et dans ce qu’on nous promet…

Comme on dit « les écrits restent, les paroles s’envolent »… il y a un autre adage à prendre en compte : « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Donc c’est important dans la période d’avoir un maximum d’écrits. Pour prendre un exemple concret : le gouvernement a dit il y a quelques jours « le jour de carence dans le public et dans le privé est suspendu »… mais aujourd’hui on n’a aucun écrit, aucun texte qui confirme que c’est suspendu. On voit des pratiques différentes selon les établissements. La plupart des établissements continuent à l’appliquer, d’autres l’ont suspendu. Pour l’instant cela reste à l’état de promesse. L’oral n’a aucune valeur.

Ensuite, on nous dit tous les personnels qui sont atteints de Covid-19 auront une requalification en maladie professionnelle. Là encore, on nous dit cela mais il n’y a aucun texte qui le précise. Et en plus, il y a beaucoup de travailleurs qui ne peuvent pas faire de tests aujourd’hui. Donc on attend des écrits pour nous le confirmer mais il nous faut aussi des écrits quand les tests sont refusés. Ça ne pourra pas être requalifié en maladie professionnelle s’il n’y a pas de test. Il faut quand même le prouver. Il faut bien avoir à l’esprit que nous avons en face de nous des personnes qui travestissent à longueur de journée le sens des mots et pour qui la politique est un marché comme les autres (un marché des promesses et des opportunités).

On voit beaucoup de situations insolites où certains cadres de santé, appliquant les directives de directions, qui eux mêmes appliquent peut être les directives des ARS, donnent des directives dans certains établissements complètement insolites et dangereuses. Exemple : « Si vous êtes atteints de Coronavirus, vous rentrez chez vous, vous vous reposez 2 jours et vous revenez travailler ». Là encore, il faut un écrit. Il faut exiger d’avoir un écrit et il faut aussi que les personnels fassent des écrits.

Ce qu’on voit aussi dans des établissements ce sont des notes de services qui ne sont pas signées alors qu’habituellement elles sont signées, on sait qui la signe et qui donne la directive. Et là comme par hasard, dans la période actuelle où on voit tout et n’importe quoi, on voit des notes non signées, on ne sait pas qui l’a fait. Dans ce cas, l’écrit ne suffit pas, il faut identifier le rédacteur de cette note. Car si cette note peut mettre en danger les agents, il faut identifier qui les met en danger.

Pour les alertes, c’est pareil, on voit de nombreux personnels faire des alertes orales. Non, il faut faire des alertes écrites ! Qu’il y ait des témoignages écrits également. Il faut que le CHSCT s’en saisisse quitte à faire des alertes tous les jours si nécessaire.

On voit actuellement des directions d’établissement mettre en place des temps de travail journalier en 12h00 pour certains ou l’ensemble des services. Il est précisé que c’est une mesure exceptionnelle qui durera le temps de la crise. Mais il faut des écrits ! Il faut que le CHSCT demande des précisions et que la période soit précisée dans le procès-verbal.

Dans certains établissements, ces derniers jours, des directions ont mis en place des plannings de 60h00 par semaine en s’appuyant sur l’état d’urgence sanitaire. C’est le retour au 19ème siècle ? Faites des alertes, faite des écrits ! Faites par exemple des courriers en prenant pour appui la réglementation européenne (il me semble que c’est une directive de 2003) qui stipule qu’au delà de 48h00 de travail par semaine sur 7 jours lissés, les personnels ne sont plus en capacité physique et mentale d’assurer la sécurité des patients. Et bien notifier dans ce courrier à la direction qu’elle sera responsable pour tout problème qui arriverait aux personnels ou aux patients.

On voit des EHPAD, où des directions disent aux personnels : « si le Covid entre dans l’EHPAD c’est de votre faute et de votre responsabilité » alors qu’ils ne sont même pas protégés. C’est scandaleux ! Là encore, il faut demander aux directions de le mettre par écrit.
Quand on nous oblige à ne pas porter de masques, de matériel, là encore il faut faire en sorte d’avoir une trace en posant la question par écrit afin d’avoir une réponse.
Dans la période, on voit des réunions informelles entre directions et syndicats sans compte-rendu. Non ! Il faut exiger des CHSCT afin d’avoir des procès-verbaux rédigés.

Dans cette période où les droits et la protection des travailleurs sont en « open bar », où les abus et les pratiques les plus insolites (inimaginables il y a quelques semaines) se développent, tous les écrits jouent un rôle très important. Car prochainement, il va falloir demander des comptes !

En espérant que ce conseil vous sera utile,
Bonne journée et bon courage !

27 mars 2020 – Covid-19 – Analyse de la situation actuelle – D’un billet d’humeur à l’autre

Notre santé en danger

Bonjour,
Nous vous faisons partager un billet d’humeur de ce jour de Christophe Prudhomme que nous trouvons très juste et très intéressant. Et en dessous, nous partageons un billet d’humeur de Cédric Volait (CGT Santé) de ce matin qui à notre sens complète celui de Christophe.

>>>> Le billet d’humeur du jour de Christophe Prudhomme :

« Osez dire que le gouvernement actuel n’est pas responsable de la pénurie de masques et autres matériels dans les hôpitaux est un énorme mensonge !
En effet qui a décidé de ne pas débloquer les crédits pour maintenir la réserve datant de la grippe H1N1 : Bercy. Et qui était à Bercy à l’époque : Emmanuel Macron !
Ils sont pitoyables à à ce jeu du « c’est pas moi qui suis responsable mais c’est mon prédécesseur ».
Mon constat est simple : la dégradation des services publics et des hôpitaux a débuté avec le tournant libéral initié par Thatcher et Reagan aux Etats-Unis et en France avec Bérégovoy relayés par les guignols médiatiques Tapie et Montand. Depuis, que les gouvernements aient été de « droite » ou de « gauche », la même politique libérale nous a été imposée avec la fermeture massive de lits et d’hôpitaux. Aujourd’hui nous manquons de lits de réanimation mais qui a validé par exemple le Projet régional de santé de la région PACA qui prévoit la fermeture de 13 réanimations ! Qui a fermé, il y a un an, la réanimation de l’hôpital Jean Verdier à Bondy dans mon département, que nous avons pu rouvrir heureusement la semaine dernière car le matériel et le personnels était encore présent ? Les ministres de la santé qui se sont succédés, servilement assistés par une partie des directeurs et des médecins en postes de responsabilité.
Et aujourd’hui, ils viennent pleurer dans les médias, comme le premier de la classe, Martin Hirsch, pour faire appel à la générosité publique pour acheter du matériel et aux retraités pour venir aider le personnel en nombre insuffisant.
Manque de lits et de personnels, ce sont les revendications qui motivent notre grève depuis plus d’un an. Un de ceux qui nous a envoyé paître lorsqu’il était rapporteur du budget de la Sécurité sociale, c’est Olivier Véran qui aujourd’hui essaye de se dédouaner dans ses interventions en tant que Ministre de la santé.
Aujourd’hui nous faisons notre boulot pour assister au mieux nos patients avec des moyens insuffisants. Mais après la crise, il faudra que ces « braves » gens passent à la caisse pour payer car leur responsabilité est clairement étable. »

>>>> Le billet de Cédric Volait :

« Leur rationalité nous met tous en danger.
Au nom de la rationalité, on nous explique depuis des années qu’il faut réduire le nombre de médecins.
Au nom de cette même rationalité, on nous explique qu’il faut fermer des maternités, il faut fermer des services d’urgences et il faut fermer des services de réanimation.
Ils ferment des services et des lits dans les territoires ruraux, en prétendant que c’est plus sûr dans les grandes villes et que c’est plus sûr d’avoir des super usines à soins. Puis ensuite, dans les grandes villes, il faut encore procéder à des regroupements, des fermetures en nous parlant encore de rationalité.
Et c’est souvent quand on en a besoin qu’on se rend compte que c’est ces services nous manquent et qu’ils sont indispensables.
On nous dit que la rationalité c’est le progrès et donc l’efficacité. Alors la question que je me pose c’est : c’est quoi le progrès ? Et cette efficacité, ce progrès sont pour qui ?
J’ai l’impression que l’idée de progrès a été travestie, détournée, volée depuis une quarantaine d’année par les politiques menées comme par les modes de management propagés à tous les échelons.
De même c’est quoi être rationnel ? Car à l’heure où on nous parle de plus en plus d’humaniser les robots, on robotise de plus en plus les travailleurs. L’être humain est dépossédé de ses savoirs, de ses savoir-faire et savoir-être.
Ensuite, nous avons des territoires où ils détruisent le maillage territorial en termes de services publics et parapublics. Ils laissent à l’abandon les infrastructures. Au nom d’une rationalité de court terme, ils créent de plus en plus d’irrationalité basée sur une hyper spéculation de court terme et un désinvestissement de long terme. Ils créent également davantage d’arbitraire.
Et quand on observe comment s’organise les territoires, les services publics, les hôpitaux, les modes d’organisation du travail, on se rend compte qu’ils sont organisés en fonction des besoins du Capital, des marchés et non en fonction des besoins des populations. Cette rationalité si souvent mise en avant est en fait un outil au service d’une stratégie de classe.
Et au nom de cette rationalité, on nous dit que ceux qui travaillent pour apporter des solutions comme le professeur Raoult à Marseille ne sont pas rationnels, n’ont pas respectés toutes les procédures, n’ont pas respectés tous les codes.
Quand on décide de donner des centaines de milliards aux banques, il me semble qu’ils ne sont pas très regardant sur les procédures, les consultations, les contreparties demandées, l’utilisation qui en fait, et qu’en quelques jours des décisions chocs peuvent être prises.
Et là avec les propositions mises en avant par le professeur Didier Raoult, dans l’urgence d’une situation de crise majeure, on nous dit qu’il faut respecter les protocoles. Même si le fait de ne pas les respecter peut sauver des milliers de vie ? Des dizaines de milliers de vie ?
J’ai l’impression qu’ils sont dans une démarche dogmatique, radicale d’un bout à l’autre de la chaine.
Et la rationalité imposée est avant tout une rationalité économique, donc sur un angle très précis, entrainant de l’irrationalité dans de nombreux domaines : écologie, sanitaire, solidarité… et plus globalement sur l’humanité dans son ensemble. Aujourd’hui, on a besoin de dépasser ce dogme, cette rationalité, cette dictature économico-financière, basée sur un rapport de force à un instant T, qui n’est pas en faveur des populations. car tous les choix qui sont fait sont réalisés dans ce cadre là.

On a besoin de se servir du factuel, de la crise actuelle pour travailler au renversement de ce rapport de force. Tout ce qu’on annonce depuis des années est en train d’arriver. Tous les combats que nous menons depuis des mois, des années, prennent aujourd’hui encore plus de légitimité.

Nous avons besoin de travailler nos stratégies aujourd’hui afin de préparer l’après.
Comment on prend-on soin de nous et de notre organisation ?
De quoi avons-nous besoin pour continuer notre activité syndicale ?
Comment on gère le problème de matériel dans les établissements ?
Comment on gère les morts dans les EHPAD ?
Quelle riposte juridique ?
Comment prépare-t-on l’après crise ?
Comment répond-on aux attaques sur le droit du travail ?
Ils profitent de la crise pour accélérer l’impact des nouvelles technologies et modifier les pratiques, comment on y répond ?
Comment on répond à la gestion des étudiants qui sont traités comme des personnels comme les autres en étant payés 40 euros par semaine ?
Comment on réagit aux entraves syndicales particulièrement dans le privé ?

Nous avons un CNF téléphoné vendredi 27 mars de 9h00 à 12h00. Cela peut être l’occasion de mener des réflexions afin d’apporter des réponses à ces questions. »